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Une entrevue avec notre curé, le père Benoit Guédas

Témoignages,

31 janvier 2023

Le Père Benoit m’accueille au presbytère avec son énergie et son sourire habituels. Mon cellulaire chargé à bloc, je lance l’enregistrement. C’est parti pour une heure d’entrevue, pour mieux connaître notre nouveau curé, ses racines, les origines de sa vocation, ses conseils pour nous rapprocher de Dieu et Le faire connaître, ou encore sa vision pour la paroisse de Saint-Thomas-d’Aquin.

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Temps de lecture : 15 minutes

Les présentations

Père Benoît, qui êtes-vous ?

Je m’appelle Benoit, je viens de Bretagne, de Vannes plus précisément, dans l’Ouest de la France. Je me suis appelé «Chambre 15» pendant 3 jours, parce que mes parents n’avaient pas eu le temps de me trouver un prénom ! Ils ont finalement été bien inspirés, puisque mes prénoms sont Benoît, Claude, Auguste et Jean-Marie ! J’ai grandi avec un grand frère et une petite sœur.

Votre famille était-elle proche de la religion chrétienne ?

Je suis issu d’une famille de tradition chrétienne. Quand j’étais jeune, j’allais à la messe avec maman. Mon père y allait un peu quand il voulait. Je pense qu’ils avaient la foi, mais une foi de tradition, c’est-à-dire qu’ils y allaient par habitude. Nous n’étions pas une famille qui priait ensemble ; c’était une démarche plus personnelle.

J’ai fait ma Première communion et ma Confirmation, qui étaient l’occasion de grandes fêtes familiales. Après ma Première communion, j’allais à la messe tout seul comme servant d’autel. C’est comme cela que j’ai avancé dans la foi.

Comment votre vocation de prêtre est-elle née ?

Le curé de ma paroisse avait rassemblé des servants d’autel et formé un groupe de jeunes. Tous les 15 jours, on se retrouvait et on priait dans un oratoire avec le prêtre. On a vécu une expérience forte de Dieu, chacun à un moment différent, mais toujours ensemble. Plus que des amis, nous étions devenus des frères, au sein de la Fraternité Charles de Foucauld.

Avant, dans ma tradition familiale, Dieu était au-dessus des nuages : je priais quelqu’un qui était loin. Ma prière était informelle. Même si je servais la messe, je n’avais pas compris toute la force de l’Eucharistie.

C’est en allant à Paray-le-Monial, avec ce groupe, que j’ai découvert l’amour du Seigneur pour moi et Sa présence dans l’Eucharistie. J’avais 15 ans. Puis, petit à petit, tout s’est construit : mon désir de suivre le Seigneur et celui d’être prêtre.

J’avais envie de rendre tout l’amour que Dieu avait pour moi. C’est pourquoi je me suis posé la question de la vocation : moine bénédictin ou prêtre de l’Emmanuel. Tout en faisant mes études de préparation pour entrer dans une école d’Ingénieurs, j’ai rejoint un groupe de prières. Je faisais mon devoir d’état et, en même temps, j’organisais une vie avec Lui.

À travers des confessions, des temps de prières ou encore la messe le dimanche, j’ai grandi dans une intimité avec Dieu. C’est alors que mon désir d’être tout à Lui s’est renforcé, et que j’ai senti l’appel à Lui consacrer ma vie.

À 20 ans, après deux ans d’études et mes concours d’entrée en école d’Ingénieurs, j’ai participé aux Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) à Paris pour rendre grâce. Je ne m’attendais plus à tout quitter étant donné que je ne voyais venir aucun signe. Mon projet était donc d’intégrer une école d’Ingénieurs en chimie, et de poursuivre mes réflexions sur ma vocation. Or, après un nouveau carrefour Vocation, j’ai échangé avec un prêtre qui m’a dit : « Est-ce que tu ne crois pas que le Seigneur t’appelle maintenant à faire cette année de discernement ? ». Après quelques angoisses et la prière, j’ai compris qu’en effet, il était temps de le faire.

J’ai alors mis l’école d’Ingénieurs de côté, et commencé mon cheminement avec la Communauté de l’Emmanuel. Puis j’ai rejoint le Séminaire de Paris.

Vous disiez que vous n’aviez pas appréhendé toute la force de l’Eucharistie : comment comprendre cette présence du Christ dans l’Eucharistie ?

Je ne dirais pas compréhension, mais rencontre. Comme le dit le Cardinal Gérald Cyprien Lacroix, « faire une rencontre personnelle avec le Christ ».

En ce qui me concerne, je suis passé de « Il était une fois, Jésus qui prit du pain » à « En fait Seigneur, Tu es là ! ».

Il y a aussi la question du désir : est-ce que je désire rencontrer Dieu ? Si tu ne le désires pas, Dieu respecte ta liberté. Si tu lui montres ce réel désir dans ta présence à la messe et ta fidélité à la prière, et que tu lui dis : « Seigneur, je désire Te rencontrer. Si c’est vrai que Tu existes, si c’est vrai que je peux Te rencontrer, j’aimerais faire cette rencontre avec Toi », tu commences alors à t’ouvrir sur la façon dont Dieu peut te parler. C’est à ce moment-là que ta relation avec Dieu se transforme.

Peut-on dire que Paray-le-Monial est votre fil rouge ?

Oui, le Cœur de Jésus est un fil rouge : ma rencontre avec Jésus au Sacré-Cœur de Paray-le-Monial, mon séminaire à Paris, mes soirées de prières au Sacré-Cœur de Montmartre…

Ensuite, je suis parti en coopération en République Dominicaine, et j’ai rencontré les Sœurs de la Visitation. Je me suis beaucoup ressourcé là-bas. Plus tard, je me suis retrouvé de nouveau à Paray-le-Monial, dans le lieu des apparitions à la Chapelle de la Visitation.

J’ai compris plus tard le chemin que le Seigneur me faisait suivre. Il ne nous paraît pas clair au début. Ce n’est qu’après que nous nous rendons compte que le Seigneur place des indices sur notre route.

Est-ce que ça change quelque chose dans sa foi d’être au Québec plutôt que de la vivre sous le soleil et les cocotiers ?

Oui, ça change beaucoup ! Je suis allé en Amérique Latine pour discerner pendant mon séminaire : étais-je appelé à être moine ou bien un pasteur dans le monde pour m’occuper des brebis ?

Nous étions deux coopérants en charge d’une maison de jeunes, au service d’un quartier, d’un pays. C’est là que j’ai trouvé la joie d’être pasteur : ne plus être seulement face-à-face avec Jésus, mais côte-à-côte avec Lui, en Lui demandant par exemple : « Seigneur, que peut-on faire pour ce frère ou cette sœur, pour ses enfants ? », et en prenant soin des brebis en compagnonnage avec Jésus.

Qu’est-ce qui diffère entre la vocation de prêtre et la vocation monastique ?

La vocation monastique renvoie aux intercesseurs. Je prends une image : un moine, sur un champ de bataille, lancerait des boulets de canon de l’arrière. Les laïcs, comme vous, seriez en première ligne : parce que c’est vous qui êtes en contact avec celles et ceux qui sont loin de l’Église, au travail ou dans votre quartier. En tant que prêtre, je suis un peu au milieu de vous, comme le responsable d’escadron : je vous encourage, je panse vos plaies.

La prière

«Toujours prier sans se décourager», une homélie du père Benoit

Comment trouver le temps de prier dans la journée ?

Mon premier conseil est de décider de donner un temps de prière au Seigneur, de prendre rendez-vous avec Lui et d’être fidèle à notre engagement.

Le temps, aujourd’hui, est une richesse tellement importante que le Seigneur est touché quand on en Lui en donne, d’autant plus quand ce temps est habité, par exemple dans un temps d’adoration ou en lisant Sa parole pour nourrir notre prière.

De plus, je pense qu’il y a moins de distractions quand on prie le matin plutôt que le soir, car il n’y a pas toute la journée qui nous repasse en tête.

Personnellement, quand je le peux, j’aime m’assoir dans l’Église avant la messe et offrir du temps au Seigneur. Si je peux y consacrer encore plus de temps, je ne suis plus dans l’attitude « Il faut que je prie aujourd’hui », mais « J’ai prié et là, Seigneur, c’est du bonus pour Toi ! ». On rentre ainsi dans la gratuité de l’Amour, comme dans un couple.

Une journée-type

Quelle est la journée-type d’un curé ?

Je me lève à 5h30.

À 6 heures, je suis en adoration et, à 7 heures, je prie mes offices du matin.

À 7h30, je suis prêt pour Lumière de la joie, qui se finit à 8h30 car il faut compter les temps de préparation, de répétition et d’enregistrement.

Ensuite, je déjeune et débute mon travail à 9 heures, jusqu’à 12h30. Mes missions varient : c’est souvent être sur l’ordinateur pour gérer les courriels et préparer des dossiers. Il peut y avoir des entrevues avec les différent(e)s Employé(e)s de la paroisse, ainsi que des rencontres sur le terrain. Personnellement, j’ai deux paroisses, donc deux Fabriques et deux assemblées.

S’ajoutent les messes, les confessions, les parcours Alpha et Omega, ainsi que les soirées de louange. En général, la journée se termine vers 22 heures.

Je me rends compte que, si je n’ai pas prié le matin, je cours toute la journée en me demandant quand je pourrai prier. De plus, la prière est moins efficace à 22 heures qu’à 6 heures.

Avec les prêtres, on prie chaque jour les offices du milieu du jour avant le dîner, les vêpres en fin d’après-midi puis les complies avant de se coucher. J’ajoute un chapelet dans la journée – surtout quand je vais à Saint-Michel-de-Sillery et Saint-Charles-Garnier à vélo ! C’est une sorte de contrat que j’ai passé avec la Vierge Marie.

Comment avez-vous vécu votre premier bain de foule à Saint-Thomas-d’Aquin, notamment dans le cadre du festival en septembre dernier ?

C’était super, d’autant plus que l’Évangile du jour concernait l’enfant prodigue : le père sort de la maison pour retrouver son enfant, puis tous célèbrent son retour.

J’ai pu notamment voir lors du festival que, même si certains sont loin de l’Église, ils sont venus car il se passe des choses extraordinaires dans notre paroisse. C’est un beau rassemblement qui m’a touché.

La diversité dans la musique, les activités proposées et les personnes qui y ont participé ont fait de ce festival une fête aussi belle que chaleureuse.

J’étais très heureux de tout recevoir… alors que je n’ai rien fait ! C’était le travail des paroissien(ne)s et du Père Brice avant que je n’arrive. Après 2 ans de pandémie, quelle joie de se retrouver et d’avoir de beaux serviteurs pour organiser le festival !

Messe d’installation du père Benoit

 

Comment avez-vous accueilli cette nouvelle mission au Québec ?

Ça n’a pas été une décision facile : ce n’était pas une mission que je m’imaginais. Suite à ma coopération, j’ai beaucoup travaillé avec l’Amérique latine dans la Communauté de l’Emmanuel ; donc, s’il y avait une destination à laquelle j’aurais pensé, ç’aurait été l’Amérique du Sud plutôt que l’Amérique du Nord.

D’autre part, partir en coopération quand on a 23 ans et repartir en mission quand on en a 45, ce n’est pas pareil : l’éloignement familial est plus difficile quand les parents prennent de l’âge. C’est un arrachement plus fort car on sait que l’on part pour quelques années.

En même temps, c’est dire au Seigneur : « Tu m’as dépassé dans mes appels, comme pour Paray-le-Monial. Je continue à Te dire OUI, et je Te fais confiance. »

Je fais aussi confiance à mes formateurs, car ils pensent que je suis capable de soutenir cette mission. Je m’appuie également sur leur discernement.

Très concrètement, pour moi, cet appel au Québec est un saut dans le vide. J’avais eu des signaux du Seigneur pour Paray-le-Monial, mais je n’en ai eu aucun pour le Québec. Même pas un petit clin d’œil de Sa part ! Mais j’ai appris l’obéissance à Dieu grâce à Marguerite-Marie.

La mission et la joie

«Dans le coeur de Jésus», un livre écrit par le père Benoit

Les livres du père Benoit Guédas

Aux éditions de l’Emmanuel

 

Une vidéo tournée à l’occasion de Noël, avec père Benoit au micro, père Martin à la guitare et père Kevin à la batterie.

En trois mots-clés, quels sont, selon vous, les défis de la paroisse ?

Le premier, qui rejoint la vision de la paroisse : « Je répandrai mon esprit sur toute chair ». C’est-à-dire travailler et œuvrer pour que toute personne qui vient à la paroisse puisse faire cette rencontre personnelle avec Jésus. C’est le point fort. Mais aussi de rejoindre plus de monde au Québec, même si je comprends que, pour des faits historiques, idéologiques ou culturels, les Québécois(es) se sont éloigné(e)s d’une Église qui les a blessé(e)s. À mon sens, nous devons leur faire redécouvrir qu’il s’y passe de belles choses, que l’on peut y vivre une rencontre personnelle avec Jésus. C’est pour cela qu’il est important que nos portes soient ouvertes le plus souvent possible.

Le deuxième, former une équipe de disciples missionnaires. J’aime beaucoup cette phrase de Paul VI : « Aimons avec le Cœur du Christ ». Que celles et ceux qui ont rencontré Jésus dans cette Église et sont habitués à s’y rendre puissent se poser la question : « Seigneur, veux-tu passer par moi pour montrer Ton amour à ceux qui ne T’ont pas rencontré ? ».

Mon rêve, c’est que chaque paroissien qui vient à la messe le dimanche se dise : « Je viens découvrir l’amour de Dieu » ou « Seigneur, montre-moi une personne qui a besoin de mon aide, pour que je la trouve et que je lui donne la consolation dont elle a besoin ».

Jésus aime aussi ceux qui crient contre l’Église, car Il veut que tous les hommes soient sauvés. Il nous aime tous, et cet amour passe souvent par nous.

Le troisième, après ces années de COVID-19 : relancer la joie de la communion paroissiale, grâce à Lumière de la joie, aux groupes de prières, à l’esprit de fraternité et de convivialité. Ce sont autant de grâces de Saint-Thomas-d’Aquin. Le festival en est un parfait exemple ! Ce sont des invitations à venir nous rejoindre dans ce cercle, car chacun a sa place dans l’Église !

Evangélisation et humilité

Dans vos homélies, le thème de l’évangélisation revient souvent. Quels conseils donneriez-vous à des personnes qui ne savent pas comment faire ou qui n’osent pas le faire ?

Un témoignage très simple : une sœur de la paroisse m’a demandé de bénir son appartement. Elle a invité des membres de la paroisse pour l’occasion, et quelques voisins. On a eu un temps d’échange avec des personnes qui ne se reconnaissent pas catholiques. Toutefois, ils nous ont partagé une expérience de Dieu très impressionnante, sans être dans l’Église.

Évangéliser, c’est montrer à travers des gestes simples du quotidien son appartenance au Christ (bénédiction du repas sur son lieu de travail, prier pour une personne rencontrant des difficultés, etc.).

Benoit XVI disait : « le Chrétien sait quand le moment est venu de parler, quand il est venu le moment de se taire et de laisser parler la charité ». Par exemple, quand des collègues de travail critiquent ou se moquent d’une personne, on peut se taire et créer l’étonnement par notre silence. Quand ils nous interrogent sur notre silence, nous pouvons répondre que nous ne voulons pas critiquer ou nous moquer de cette personne, et peut-être entamer une discussion sur nos valeurs chrétiennes. Parfois, nous sentons que nous devons nous taire car ceux qui nous entourent sont complètement fermés à l’Église et à la foi.

La question de l’évangélisation est aussi importante que difficile : elle a besoin d’être évoquée avec tous. Que fait-on ? On doit travailler ensemble sur cette question.

Y a-t-il une question que je ne vous ai pas posée et que vous auriez aimé que je vous pose ?

Lors de mon installation en tant que curé, l’Évangile du jour évoquait les publicains et les pharisiens. Nous sommes tous des publicains qui avons eu miséricorde : par conséquent, gardons cette attitude d’humilité, notamment dans notre regard les uns envers les autres. Et si nous devenons de « supers pharisiens zélés », n’oublions pas d’où l’on vient.

Ayons ce regard plein de compassion pour les publicains qui sont loin de l’Église, notamment dans un contexte tendu où elle est critiquée voire injuriée. Tentons de comprendre pourquoi ils en sont arrivés là et osons dire : « J’entends ton cri, mais ensemble faisons avancer les choses ».

5 questions-éclair

Pour terminer notre entretien, je vais vous poser cinq questions-éclair pour encore mieux vous connaître. Prêt ?

On y va !

Quel est le souvenir d’enfance qui vous a le plus marqué ?

Mes vacances au bord de la mer avec ma famille.

Votre madeleine de Proust gastronomique ?

La tarte aux fraises de mon anniversaire (avec des fraises du jardin, bien sûr !).

Quel est votre livre de chevet actuellement ?

Un livre de James Mallon sur la rénovation divine, et un autre sur Saint-Charbel, un moine libanais qui fut une figure importante de l’Orient. Je ne peux pas en dire plus pour le moment, puisque je viens de commencer le livre !

Une qualité ?

Je crois que j’aime les gens. Je suis également à l’écoute de tout le monde.

Un point d’amélioration ?

Quand j’ai un projet ou une idée, je peux aller très vite, donc j’apprends à être plus fraternel et attentif aux autres pour que personne ne soit abandonné sur le bord de la route.

Une expression québécoise que vous aimez utiliser ?

Celle qui me vient spontanément est : « On va jaser » !

 


Rédacteur : Guillaume Darras


 

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